Un virage vers l'intégration et chère Françoise
Figure centrale du FHAR, la française Françoise d'Eaubonne envisage ainsi en 1971 le futur de la libération gaie : « Vous dites que la société doit intégrer les homosexuels, moi je dis que les homosexuels doivent désintégrer la société[4] ».
Mais vers la fin des années 1970, le contexte change et le radicalisme qui avait tant marqué jusque là les mouvements des noirs, des femmes, des habitants du tiers-monde etc., s'estompe peu à peu. Le mouvement gai ne fait pas exception.
Au mouvement de libération gaie succède donc le mouvement pour les droits des gais et lesbiennes, un mouvement dit « intégrationniste ». Les cibles changent et les moyens de les atteindre aussi. Les nouveaux militants, souvent des professionnels en communication ou en droit juridique, ne réclament plus l'abolition du « capitalisme sauvage », de l' « hétéropatriarcat » et autres structures sociales. Désormais, les revendications sont davantage pragmatiques et tournées vers les besoins d'une communauté désireuse de s'intégrer au reste de la société: obtention d'un accès égal à l'armée, à l'institution du mariage et à l'homoparentalité.
Ce ne sera pas pour autant la mort d'un militantisme plus conflictuel et politique[5]. L'émergence de mouvements comme Act Up, Queer Nation et les Lesbian Avengers dans les années 1990, ou encore les Panthères roses [6] au début du 21e siècle, réanime à l'occasion l'esprit de Stonewall